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Altawabi's blog
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  • "Comme c'est triste de croire qu'on va être compris..." De bavardages inutiles en réflexions sans grand intérêt, en passant par les coups de blues... Des mots, de quoi tenter de se faire comprendre, mais sans grands espoirs...
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29 juin 2006

Le manque, c'est simplement vivre

Venise, encore, toujours.
Curieux voyage que celui-là.
L'envie d'y revenir, une photo, simplement,
quelques couleurs,
une destination, tranquilité, vacances.
Voyage.
Fuite aussi, fuite dans la culture,
Overdose de culture.
Une photo, simplement,
Quelques couleurs,
Et puis tout qui revient, d'un coup.
Venise.
L'envie d'en parler, d'écrire.

Le bateau.
Les départs, le soir, la fatigue et la lumière qui tombe.
Les pensées qui vagabondent.
D'abord, on arrive, on se range par cinq devant la Pieta, on nous compte, il est sympa ton chapeau, oui, c'est Alexis qui me l'a offert. Sourires. Je sais, moi, ce que représente ce chapeau. Et ça aurait pu avoir un sens, que ce soit lui qui me l'offre. Mais il n'a rien vu, rien compris. Tant pis. Tant pis pour moi, tant pis pour lui.
On court vers l'embarcadère, ne pas être en retard, on se serre, ça tangue, il est joli ton collier, on dirait une aztèque avec ton chapeau et ton châle ! et ça chuchote, on complote pour l'anniversaire de Camélia et de Marion.
Grosse fatigue, on se pose sur les bancs, ça tangue, encore et toujours, on ferme les yeux, sourires échangés, sourires fatigués, on se comprend.
Mal aux pieds, trop couru dans les rues après les panneaux "TOILETTES" sans jamais les trouver, elles sont bien cachées, un vrai jeu de piste. Mais je n'ai pas dit mon dernier mot, demain je trouverai, oui, je trouverai !
Le bateau qui arrive. Et on se précipite. Ça parle français partout, un peu allemand parfois, très peu italien.
Pipi ! Les toilettes sont sales dans le bateau, l'eau de la lagune remonte, odeurs désagréables, mais tant pis, on fait avec ce qu'on a.
On remonte s'asseoir.
Vue sur la Salute. Décidement, il faut que je prenne des photos. Clic, clic, re-clic. Lumières incroyables, je ne peux pas en détacher mes yeux. C'est beau. Je commence à avoir des idées pour mon texte. Certains commencent déjà à les écrire, s'inquiètent : est-ce que c'est assez long ? Tu peux le lire, s'il te plait, me dire ce que tu en penses ?
Moi, pour l'instant, je regarde, je pense, les mots ne sont que dans ma tête, ils arrivent, petit à petit, quelques idées se forment. Et toujours, la lumière, les couleurs, boire la lumière, petit nuage au dessu de la Salute, ah, ces couleurs...
Sirène du bateau.
Je range mon appareil photo, et je m'assieds, simplement, je m'appuie sur le rebord parfois, et je regarde toujours, je ne lâche pas la ville des yeux, jusqu'à la dernière minute.
A l'arrière, ça chante, ça rit, ça crie un peu parfois. Bonne humeur. Je ne sais pas où ils trouvent encore toute cette énergie.
Marieke, sur un banc, plus loin, enveloppée dans son drapeau multicolore "PACE", mon téléphone portable qui vibre dans ma poche, c'est pour elle, c'est son copain, à Marieke, son copain qui déprime, elle lui manque...
Heureuse de rendre service, je prête mon portable à Marieke qui n'en a pas. Une fois je fais tout le tour du bateau pour la trouver, pour qu'elle puisse lui parler, je l'ai au téléphone.
Belle histoire. Il lui manque aussi.
Je regarde la lagune, pensées qui vagabondent.
J'aimerais bien, moua aussi, que quelqu'un me manque, comme ça...
- Personne ne me manque.
- C'est bien ! Tu es libre, me dit Esther.
Esther, Louis lui manque. Elle n'est pas sûre du tout de lui manquer, à lui, alors, elle est de mauvaise humeur. On n'est jamais content.
Avoir le droit de penser à quelqu'un. Savoir qu'il n'attend qu'une chose, c'est qu'on lui raconte le voyage une fois rentrée. Non plus le sentiment d'un vide béant et sans nom, mais qu'il manque quelqu'un, quelqu'un en particulier. Que ce soit évident qu'il manque, et lui manquer aussi...
Ce n'est plus le manque de toujours, ce gouffre sans visage, à quoi l'on met des masques...
Le manque, c'est simplement vivre...
Oui... c'est là que c'est terrible...
Le manque, ça devient beau quand ce n'est plus simplement vivre, le manque que j'aimerais, moi, celui qui est beau, c'est le manque de quelqu'un.
Peut-être pourtant que si ça arrivait je ne serais pas contente non plus.
Qui sait.
J'avais pourtant le sentiment que c'est tout ce qui manquait (...!) à ce voyage pour qu'il soit parfait... il manquait un manque, le manque de quelqu'un, quelqu'un en particulier.
J'aurais tellement aimé que quelqu'un me manque...
J'imagine, alors, quelqu'un ici, sur le banc, avec moi. Sa main dans la mienne. Ensemble, à Venise. Je me dis, je reviendrai avec lui un jour. Mais lui, ce n'est personne. Il n'existe pas.
Il avait un visage dans mon imaginaire pourtant, je ne vous dirai pas le visage de qui, c'est quelqu'un dont je n'ai jamais parlé, parce que je ne le connais pas, je ne le connaitrai jamais. Je ne sais pas pourquoi ce visage là, parce qu'il en fallait un, je crois, c'est tout.
Mais en réalité il n'y a personne, même en pensées, le manque, c'est simplement vivre.
Finalement, on retrouve la terre ferme. On descend, ça tangue encore, les pieds sur terre. Jusque dans le lit, à l'hôtel, ça tangue. Malaise. Gouffre béant. Souvenirs qui reviennent, restaurant d'un hôtel italien, je connais cette ambiance, ah, chère italie... je voudrais dire à Esther, lui raconter, c'était exactement pareil, trois ans en arrière... les mêmes pâtes, tous les soirs, les mêmes pains ronds... mais quand je tournais un peu la tête, il y avait Sam. Et c'est ça qu'il manque. Quelqu'un, quelqu'un de vrai. Même quelqu'un qui ne serait pas là...
Et ça tangue. Gouffre. Il manque tout. Il manque un manque.
Le manque, c'est simplement vivre.
Malaise. Ça tangue.

Une autre fois, c'était au Lido.
La plage qui s'étend à perte de vue, un sentiment étrange comme de déjà vu, comme de déjà vécu.
Malaise encore, souvenirs qui remontent, on ne voulait plus y penser.
C'est un homme sur un banc dans le parc de ce même hôtel qui est juste derrière notre dos, il tremble de tous ses membres, et alors il y a ces mots, insuportables, je t'aime.
Alors, en regardant la mer, j'écoute l'adagietto.
Et puis, l'espace de quelques instants, je suis comme au cinéma. C'est irréel, c'est l'imaginaire encore. Et pourtant, c'est bien cette plage, impossible de s'y tromper.
L'idée qui vient alors que l'histoire pourrait se terminer ici... L'idée que c'est là que la douleur pourrait mourir, l'idée du retour sur les lieux du rêve, le dernier coup de poignard pour tout achever. Des mots qui viennent, je ne sais plus lesquels, et sur la plage, l'adagietto qui emplit tout, j'écris. J'écris avec ma vie, ce que je n'écrirai sans doute jamais avec ma plume. Une fois de plus je finis l'histoire. A Bruxelles, d'abord, maintenant, ici, d'autres fois, plus tard.
Je ne sais pas où elle finit. Mais ce jour là, elle s'éteignait devant la mer, à l'infini.
Comme une fin éternelle, une fin qui n'en finit pas....

"La mer, sans forme, incomparable."

01010102

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Commentaires
M
merci un blog qui rapelle le voyage!
A
ça ira... ^^<br /> Disons que ce serait pas n'importe quel manque...
V
Tu es manque de manque ?<br /> J'en ai un en trop, tu le veux ?<br /> Il ne me manquera pas...
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