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Altawabi's blog

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  • "Comme c'est triste de croire qu'on va être compris..." De bavardages inutiles en réflexions sans grand intérêt, en passant par les coups de blues... Des mots, de quoi tenter de se faire comprendre, mais sans grands espoirs...
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9 mars 2008

Incartade

Je regretterai toujours le lycée comme un temps que j'aurais oublié de vivre.

Je ne sais ce qui me pousse à revenir sur ces pages.
Peut-être une retenue qui pèse trop lourd sur les pages blanches, et ne laisse plus voir qu'une surface. Il y a des choses à cacher. Des choses à ne pas dire.
Ici, comme le noeud de l'histoire qui est resté enfermé deux années en arrière, et l'on a gommé les entrailles de la nuit où il repose pour laisser voir, par dessus, une page faussement blanche, un peu comme les sourires trop éclatants des comédiens d'aujourd'hui. Et tout le monde s'y est fié, moi la première. Tu prendras soin d'elle ; et moi, qui prendra soin de moi ? Mais c'est vrai, je n'en ai pas besoin, je me débrouille très bien toute seule n'est-ce pas, je te sens moins fragile.
Moins fragile, c'est peut-être, c'est sûrement vrai.
Mais c'est une solidité blanche comme la procelaine qui éclate aux regards. Il y a des mots qui rappellent la blessure cachée, qui rappelle qu'on n'a jamais voulu la voir. Cachée. Niée. Fêlures dans la porcelaine mais c'est à peine visible, l'éclatement a lieu sous la surface. On ne laissera pas se déverser la sève purulente. On garde tout, que l'infection se propage à travers les tissus mais n'atteigne jamais la carapace blanche. Jusqu'à quand.

Rigor mortis de la pensée. Ici pourtant quelques textes apaisés, l'espace d'un instant, je ne sais pas ce que je veux. Il suffit de le reconnaître et la pensée vit. Rigidité cadavérique conjurée.
Philosophie. On la voyait déjà percer ici, comme un remède aux croyances trop féroces, comme une compagne pour l'acceptation plus ou moins poussée de l'ingratitude des espoirs. Mais peut-être Sénèque lui-même avait-il tort. Paris que j'invoquais encore, Paris qui est autour de moi ce soir comme un berceau, ce n'était plus qu'une ombre et pourtant l'évidence aujourd'hui, c'est que je n'aurais pas eu tort d'y croire. Siddharta. On ne comprendra jamais rien, ou alors tout d'un coup, l'espace d'un instant. L'abîme de la vérité, ou plutôt celui de son absence qui n'est pas toujours cruelle.

Hier soir, concert. Ce fut étrange. Cet air blasé que l'on ne m'avait plus prêté depuis longtemps. Que j'ai toujours ressenti comme une agression plus ou moins vive. J'aime la musique, si vous saviez. J'aime ces garçons plus jeunes que moi qui font hurler maladroitement leurs guitares électriques et qui chantent faux mais fort dans un mauvais micro. J'aime ces jeunes cons et ces jeunes connes qui se jettent au cou d'un bébé guitariste en sueur en poussant des hurlements stridents. J'aime ces imbéciles qui se bousculent jusqu'à se faire mal, en riant. Et qui boivent. Et qui boivent trop, beaucoup trop.
Je suis toujours parmi eux comme une étrangère. Il fut un temps où c'était moi qui étais jeune, plus jeune, trop jeune. Hier, c'était eux. Et moi, j'étais toujours à côté de la plaque. Cet air blasé, ce bonheur sans nom mais qui ne transparaît sans doute pas d'être partout sauf à ma place. Cet air blasé, ce n'est en fait qu'un air pensif. La solitude qui m'explose à la gueule dans la saturation de l'espace sonore. Et je me sens hurler en silence au milieu de ces visages inconnus, écrasée par la beauté lointaine de ces garçons qui se dandinent sur scène. Oh, j'aimerais pouvoir me mêler à ces foules de gamins plus souvent, mais sans qu'ils ne me voient, sans qu'ils ne puissent m'interroger sur la décomposition de mon visage. Ces questions sont une agression intolérable dans l'océan de solitude où je me complais.

Où je me complais.

Rien n'a bougé depuis ces pages.

(Ah oui sauf que tout à l'heure vers 14h52 à peu près la gamine que je suis a glissé une petite enveloppe dans une grosse boîte transparente et a failli se barrer sans signer. La honte. Y'a pas idée d'avoir dix-huit ans si jeune, merde...)

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10 août 2006

Je m'en vais

Cette fois, c'est terminé.
Ce message est définitivement le dernier.
Besoin d'air, je m'embourbe et je m'encafarde dans ces pages bleues foncées que je connais trop bien.
Beaucoup trop bien.
Trop de douceurs, trop de douleurs qui n'ont plus lieu d'être.
Ou qui doivent apprendre à se taire, ou à parler moins fort.
Trop de souvenirs, que je ne veux pas perdre mais qui sont bel et bien des souvenirs, et qui doivent se détacher du présent. Et de l'avenir.
Trop de messages presque adressés à des images qui pourtant n'existent plus que dans ces souvenirs.
Trop de confusions dans tout ça.

Une page à tourner.

Je m'en vais.
Merci à certains, pas merci à d'autres.

Je plie bagage
J'espère
Que là-bas sera mieux qu'hier...

Mon nouveau chez-moi, c'est ici : http://altawabill.canalblog.com

Et le pourquoi du "Altawabill", c'est...

La p'tite Bill est elle malade
Elle a besoin d'une promenade
Avec un qui s'rait son amoureux
Une heure ou deux

La p'tite Bill, y'a l'temps qui presse
Elle a besoin d'une caresse
Des doigts gentils des doigts doux
Dessus dessous

Bill, ma Bill t'es comme tout l'monde
Quand ça coule de tes yeux, ça tombe
Mais c'est pas des confettis
Cette pluie...

Elle a lu trop d'littérature
La plume, coeur, les égratinures
Les p'tits revolvers en dentelles
Les coups d'ombrelle

Elle les a attendu, sans rire
Les rubans bleus, les soupirs
Que des trucs qu'existent pas
Qu'au cinéma

Bill, ma Bill t'es comme tout l'monde
Quand ça coule de tes yeux, ça tombe
Mais c'est pas des confettis
Cette pluie...

La p'tite Bill elle fait la gueule
Elle dit qu'elle est tout l'temps toute seule
Mais tout l'monde vit séparé
Du monde entier

Elle a beau faire du jardinage
Dans son vingt-quatrième étage
Géranium et Bégonia
Ça lui réussit pas

BILL, MA BILL ! T'ES COMME TOUT L'MONDE...
Quand ça coule de tes yeux, ça tombe...
Mais c'est PAS des confettis...
Cette pluie...

C'est une vieille maladie poisseuse
Un sacré manque d'amour qui creuse
Dans nos villes dans nos campagnes
Ça gagne...

C'est une vieille malade poisseuse
Un sacré manque d'amour qui creuse
Dans nos villes dans nos campagnes
Ça gagne...

(Souchon. Merci à lui.)

Alors voilà. Je m'en vais.
A bientôt les gens.
Au revoir mon chez-moi. Au revoir mes petites pages bleues.
Z'allez me manquer...

6 août 2006

Le retour de la Jmule

Me voilà rentrée de trois s'maines de vacances.
Sympa. Sympa, les ouacances.
Coline, Corcelles, Les cousins, Le camping à moit' sous la pluie.

C'est bizarre comme la petite tristesse revient m'envelopper dès que j'entre dans cette chambre. Et je me roule en boule et je m'en fais un manteau. Au moins, ailleurs, je vivais. Ici, j'ai envie de dormir. M'endormir. Pour longtemps.

Pourtant en arrivant, dans les embouteillages, j'avais la tête haute. Je la défiais, ma vie d'ici. Cette vie pourrie, ou au moins l'idée que je m'en fais. Ce qu'elle a de pourri, surtout, là, c'est qu'elle est en sursis, je crois. C'est qu'après, c'est le grand saut dans le vide. Ne riez pas. J'ai peur. Je ne sais pas ce que c'est d'être seule, perdue au milieu d'une grande ville, sans maman pour me consoler quand j'ai l'cafard. Ne riez pas.

Je ne sais pas très ce qui ne va pas ni ce que je veux, vous savez. Oui, vous devez le savoir.
En arrivant je suis heureuse, prête à repartir, il y a Camélia, Amélie, et puis d'autres, quand même, et sans doute qu'il y aura des nouveaux. Il y a ma jitare et mon synthé, mes CDs, tout ce que j'ai écrire, Coline et la Poste ! Oué, y'a de quoi s'éclater. Si, si. Y'a de quoi être heureux, ça va être une bonne année, en fait. Si, si.

Et puis tout à coup, on arrive, il est tard, on se vautre devant la télé, et puis, on va se glisser sous sa couette. Et on a peur, soudain. On a peur...

Direction Concarneau avec la p'tite famille Pignon. Sympa. Heureuse d'être là. On se balade, on s'achète des glaces, on va boire un coup. Heureuse d'être là, avec eux. Dans la voiture, sur la route, le ciel breton, la lumière qui tombe. La gorge qui se serre d'un petit bonheur. Je suis amoureuse de ce ciel.
Pas besoin d'un namoureux cette année. Non, pas besoin, et puis pas le temps, trop de choses à faire, trop de choses prévues, un namoureux ça m'empêcherait de faire ce que je veux. Alors, pas de namoureux. Je me dis ça.

Pourtant quelques jours avant je les vois, tous, là. Avec leur copine depuis des mois. Christophe, Guillaume, Boris (bon, pas depuis des mois, mais quand même), Benoît, Paul. Et je les vois, mes cousins, adorables, oui, tiens ça existe encore finalement des gaçons qui peuvent me plaire, bonheur alors. Je le savais, mais je ne m'en rendais pas compte. C'est sous la tente, au camping, que j'ai réalisé. Il faut que je rencontre quelqu'un, j'ai besoin de quelqu'un. Il est temps.

M'ont pas beaucoup aidé, cette année, les jarçons, hein, m'ont pas beaucoup aidée. Z'ont fait ce qu'ils ont pu, hein, z'y peuvent rien et moi non plus. Mais moi je suis fatiguée, moi. Eux aussi peut-être. J'ai peur, je crois, je deviens comme...... mon coeur que je sens se durcir et je n'aime pas ça...
Je voudrais une épaule. Juste une épaule. Pas un copain comme on en a ; je veux quelqu'un près de moi, je veux le même chemin pour deux ; pas une distraction, pas un "bonnus", non, je veux...

Je sais pas, hein. Je sais pas.

Un peu de Sheller :

Je te dis ça, c'est entre nous
Mais les amours de passe-partout
M'ont laissé l'impression d'une drôle de solitude, après coup...

Moi je voudrais ça :

Si tu n'aimes pas trop la foule
Si comme moi parfois la vie te saoule un peu
N'oublie pas qu'on est deux...
C'est une chanson que j'te donne
Comme un gilet qu'on boutonne
Pour te réchauffer la vie...
J't'ai tout dit

Mais...

Pour tout vous dire, j'n'aime pas le soir qui tombe, non
Avec le coeur lourd, et le froid dans les mains
Parce qu'encore un jour s'en va dans l'ombre
Et mes amours sont loins...

Parce qu'encore un jour s'en va dans l'ombre et mes amours sont loins...

J'en suis là.

20 juillet 2006

Avec une valise, une guitare...

Bijour les gens !!! (heu... y'a des gens ? bah, au cas où !)
Hé, plus d'une semaine sans nouvelles, j'espère que vous vous z'êtes pas inquiété (quoiqueuh ça doit m'arriver souvent, mais bon ^^)
Mais rassurez-vous, rien de plus normal, c'est simplement que depuis une semaine... chuis en vacances !!! :D
Nan, mais pour de vrai, je veux dire, chuis partie, bye bye Quimper, me voilà dans une charmante pitite maison dans la cambrousse de Courcelles-sous-Jouarre (Seine et Marne), chez ma meilleure amie Coline (que je n'avais point vue depuis plus d'un an, tout d'même !)
Et puisque demain je me (re)fais la malle pour atterrir dans une autre cambrousse (les plateaux du Jura, cette fois ! Le chalet de la jrand-mère... les cousins... héhé) je profite du dernier soir avant quinze jours où j'ai encore l'accès à un bon vieux ('bon vieux'... bah dis donc, chuis d'bonne humeur on dirait !) PC pour donner quelques nouvelles.... :)

Aaaarf, donc vouala, quoi, c'est les ouacances, on prend l'air, on fait des allers-retours entre le piano et la guitare toute la journée, quel bonheur d'habiter quelques jours dans une famille d'artistes ! Ça motive, d'un coup, envie de faire plein de choses ! Quel bonheur aussi d'être un peu "débarrassée" de ses parents (ah oui, c'est méchant, mais que voulez-vous... il sont adorables, mais parfois, besoin de se passer de ces appuis trop présents... ils ne seront pas toujours là, que diable !).
On réalise des trucs, tout d'un coup, envie de faire de la musique, tout ça, et ben fonce, bordel, fonce, entoure toi de personnes qui te motivent autant que celles-là, apprends à ne pas toujours suivre l'avis de papa-maman, un peu ; ce sont des adultes, après-tout, ils deviennent raisonnables avec l'âge, mais toi, toi Jmule, tu as quinze... heu ! non, seize ans ! T'as pas l'âge d'être raisonnable à ce point, bon dieu ! Pas l'âge d'être trop prudente... Si on ne tente rien d'un peu fou à seize ans, on le fera quand ? Hein ?
Bon, pas grand chose à tenter, là, en même temps. C'est dans un an que tout se joue. J'ai vraiment envie de faire l'école du Louvre. Mais... pas seulement... il faut que je fasse de la musique... il faut...
Et puis tiens, tout à l'heure, sais pas quoi faire, assise tranquillement sur mon matelas dans la chambre de Coco, un cahier sur les genoux où je note les paroles des chansons que j'apprends à accompagner à la guitare, et... je me suis mise à dessiner ce que j'avais devant moi, c'est à dire... mes pieds. Et puis, tout le bazard autour. Un nounours. Une couette. Un oreiller. Une tête de jitare. Ouah... bwoh, un p'tit dessin de rien, mais... je n'avais plus touché à un crayon depuis... je ne sais même plus ! des années ! (bon, d'accord, j'avoue, je dessinais des fleurs de Ni dans la marge de mes cours de français... mais bon... ça compte pas !)... tout d'un coup, alors, en plus de tout le reste, envie d'apprendre à dessiner. Bah oui, c'est con. J'adorais ça quand j'étais chite. Et depuis quelques années, pfuit. Plus rien. C'est trop bête. Mais c'est bien ce que je disais. Faut qu'je trouve le moyen d'me motiver...
J'ai envie de faire des études. Oui. Mais jusqu'à un certain point. J'ai aussi envie de vivre. Envie de "faire l'artiste", un peu. De m'amuser. De toucher à tout. Y'a dans cette maison un môssieur qui m'impressionne. Le père de Coco. On dirait qu'il sait tout faire. Cultivé (imbattable au trivial poursuit'... ^^ et pis même ! on dirait qu'il sait tout ! et dès qu'il sait pas un truc, il se renseigne... curieux de tout, quoi ! énorme !...), artiste (ah bah graphiste de métier, déjà... dessine comme un... enfin super bien, quoi ! et puis guitariste, pinaniste... pfiouh !). Enfin Vouala. Et je l'écoute parler de John Lennon. "Un petit génie. Mozart, par exemple, c'est un grand génie, dans un domaine précis : la musique. Lennon, il savait faire plein de choses. Il dessinait vach'ment bien, par exemple...". Et puis même, sa fille, Coco, elle m'impressionne aussi. Danseuse. Depuis longtemps. Elle adore ça. Théatre, aussi, option lourde au lycée, elle veut devenir comédienne. Et puis pinaniste, aussi, elle se met à la guitare. Ecrit des poèmes. Etc.
Tout ça.
Mais moua aussi je veux faire tout ça. Plein de choses. Et j'veux pas entendre de "t'es douée" ou "mais t'es plutôt une intellectuelle", "t'as pas baigné là dedans", et gnagnagna. Non, je ne suis pas spécialement "douée" (comment décourager quelqu'un : lui dire "tu es doué", lui donner l'impression que c'est bon, tout va être facile, le laisser se rendre compte qu'en fait, non, ce n'est pas facile, puisque rien n'est jamais facile ; le laisser conclure "non, en fait, je ne suis pas doué" et abandonner. Croyez-moi, ça marche. Alors non, je ne suis pas douée.) Et les t'as pas baigné dedans... et alors ? J'ai ENVIE de faire ça. Qu'importe le résultat. J'ai juste ENVIE de le faire, de me faire plaisir, de travailler aussi ; j'ai ENVIE, quoi. Et c'est tout ce qui compte, je l'ai décidé. Tant pis pour la prudence, les parents, et même tous les autres. On n'a qu'une vie. "J'aime encore mieux mourir de c'que j'aime que vivre de c'que j'aime pas", comme dirait l'autre...

Vous me direz, tout ça, je l'ai déjà dit. Oui, mais la nouveauté c'est qu'à partir d'aujourd'hui, tout ça ça ne dépend plus que de MOI, moi et PERSONNE D'AUTRE.
Je n'ai plus besoin de l'avis des autres. J'ai le mien et il me suffit.
Je n'ai plus besoin du soutient de personne pour être sûre de moi ; plus besoin non plus de me "révolter" bêtement contre les "bons conseils" de prudence, je ne me sens plus agressée ; c'est juste qu'à partir de maintenant, les gens peuvent penser ce qu'ils veulent, me dire gentiment ce qu'ils en pensent, j'apprécierai simplement la sollicitude, mais sans plus douter de mes "choix".
J'ai un chemin à suivre et je le suivrai.
C'est tout.
Le soutient je le trouverai en chemin (bah oui on en a toujours besoin, quand même...)

Quel est ce chemin ? me direz-vous...
Je ne sais pas précisément, encore.
Il se dessine au fur et à mesure.
Je sais simplement que je ne veux plus douter de vouloir le suivre ni avoir peur.

Et voilà... sur ces bonnes paroles, je vous souhaite de bonnes vacances ! :D

(J'vous aurais bien montré mes pieds... mais pas moyen... tant pis... une autre fois peut-être !)

11 juillet 2006

A louer (flash-back)

J'arrive pas à dormir. 'Faut dire, il est tôt, minuit à peine, ces derniers temps, c'était plutôt deux heures, l'heure de dormir. Mais bon, mercredi, mon train est à neuf heures du matin, donc... faut reprendre un semblant de rythme... C'est raté pour ce soir !
J'ai bien tenté de me coucher tôt, mais... forcément, le sommeil ne vient pas ; forcément, on se tourne et on se retourne dans son lit, on a beau s'efforcer de ne penser à rien, y'a tout plein de choses qui viennent se bousculer dans la tête.
Pas seulement des choses agréables, d'ailleurs. 'Peux pas m'enpêcher de penser à l'année scolaire à venir. Et c'est pas réjouissant. Je la sens venir, ennuyeuse à mourir. Personne autour de moi à qui tenir, avec qui partager la p'tite vie de terminale L. Des rencontres à faire dans l'année ? Un an, un seul, à peine le temps de construire quelque chose qu'il faudra déjà tout laisser derrière soi. C'est pas une bonne année, la terminale, pour commencer à construire un morceau de vie. Quant à tout ce qui est derrière moi, je crois que c'est bel et bien derrière et que je n'ai plus rien à en tirer.
Presque l'envie, d'un coup, de rester chez Coline une fois que j'y serai, de m'inscrire dans son lycée, de vivre un an chez elle. Mais on ne s'incruste pas chez les gens comme ça ^^
Et pourtant... J'en ai assez de cette chambre, de cette maison, de vivre chez mes parents (eh oui déjà !) et d'aller gentiment au lycée, j'ai le sentiment d'avoir déjà vécu tout ce que j'avais à vivre dans cette situation... L'envie, tout d'un coup, d'un chez moi ; pas d'habiter toute seule parce que quand même, j'aime pas la solitude, mais d'habiter ailleurs, avec d'autres gens... Quitte à se lever le matin pour aller au lycée, puisqu'il le faut, puisque je ne peux pas commencer d'autres études tout de suite ; mais alors, avoir un autre chez-moi, un autre refuge... Vivre autre chose...
C'est alors que me revient en mémoire un certain panneau que j'avais surpris un soir, se balançant sur une façade jaune, près du lycée. Un panneau qui affichait : Studio A Louer.
Et d'un coup je me souviens de tout ce qui m'avait traversé l'esprit à la vue de ce panneau...
Je me souviens avoir écrit quelque chose dessus. Alors, n'y tenant plus, je bondis de sous ma couette pour allumer l'ordinateur, tant pis pour mes bonnes résolutions. Et je retrouve ce texte sur mon blog.

A louer

Y'avait un joli rayon d'soleil, tout à l'heure, en sortant du lycée...
J'marchais tranquillement vers l'arrêt de bus, les murs des immeubles étaient tout dorés avec cette lumière, celle du soir, sur l'odet, dans les arbres ; partout, ça fait même des tâches d'or sur les murs de ma chambre, maintenant. J'aime ma chambre quand elle est pleine de soleil, de soleil tout chaud, tout doré ; ça réchauffe... on se sent bien. On se sent chez soi.
Mais je marchais, dans la rue. Je crois que je ne pensais à rien. Je crois même que je souriais. Y'avait la lumière, simplement. J'ai traversé la rue, je me suis adossée à l'abri bus. Et je l'ai vu.
Juste en face, juste au dessus du café qui fait l'angle, sur le mur jaune de l'immeuble, qui se balançait au dessous d'une fenêtre, un vieux panneau blanc sale, avec des grandes lettres rouges : Studio A Louer. Et un numéro de téléphone.
Le panneau se balançait. Vieux, fragile, sur le mur jaune. Et le soleil, dessus. Et la fenêtre...
Si j'avais un portable avec appareil photo, je n'aurais pas raté l'occasion d'immortaliser l'image, soyez-en sûrs ! Mais bon, que voulez-vous, non, je n'ai qu'un vulgaire portable qui ne sert qu'à téléphoner... non, il ne sert même pas le café, non ! Aaaah, oui, je sais, j'ai honte...
Donc, non, pas d'image, non, je pourrai pas vous montrer ce cher panneau, j'en suis bien désolée, vous ratez quelque chose... Qu'est-ce qu'il était beau ! Ah, oui, qu'est-ce qu'il était beau... C'est fou comme des choses aussi simples peuvent parfois vous paraître les plus belles du monde... et qui sait, peut-être les plus tristes... Les belles choses sont souvent un peu tristes...
Il m'a fait sourire, le panneau. Je ne l'ai pas lâché des yeux pendant que le bus s'éloignait. Il m'a fait sourire. Je ne sais pas pourquoi. Studio A Louer. Studio A Louer...
Un Studio. Un chez-soi ? Un Studio. Un refuge...
Un jour. Un jour, j'irai faire des études ; pas des grandes, juste des petites études bien comme il faut, et j'aurai mon studio à moi, mon chez-moi à moi, près de l'université ; un joli studio dans un immeuble avec des murs jaunes et un joli panneau blanc écrit en rouge qui se balance sous la fenêtre. "Studio A Louer".
Ben oui. Ils sont gentils, mes parents. Adorables, même. Mais j'ai seize ans. Non, pas quinze, seize. Mais ça ne change pas grand chose. C'est l'âge où on se détache. Il va falloir partir. Aller construire sa vie. Ailleurs. Un jour. Pas tout de suite ! Mais c'est l'âge où on s'y prépare.
Un jour, mon chez-moi, le studio dans l'immeuble jaune. Un jour, mon chez moi, personne à la maison quand je rentre. Triste. Solitude. Peut-être pas ? Un jour, mon chez moi, quelqu'un à la maison quand je
rentre...
Un autre jour encore. Plus loin. Un jour....... un beau jour ?
Pas maintenant.

...
Je me souviens aussi de la réaction de Marien. Je ne l'avais pas bien comprise je crois. Je pense que je comprends mieux maintenant ; je ne l'avais pas bien comprise, parce qu'il était à des lieues de ce que j'avais dans la tête en écrivant ce texte. Ce que j'avais dans la tête. Mais qui ne ressortait sans doute pas. Que je ne devais pas vouloir faire ressortir. J'étais sur la défensive encore, je voulais me protéger je crois.
Mais Marien avait lu ça comme un "m'en fous, de toute façon, un jour j'vais m'barrer." Je crois.
Moi, ce qu'il m'avait fait, ce panneau, c'était me renvoyer à mes désirs, à la réalité, à l'immense fossé entre les deux.
Les désirs, c'était ce Studio à moi, maintenant déjà, se lever le matin pour aller au lycée comme on va à l'université. La réalité c'était, quand on va au lycée, on habite chez ses parents. Pour le studio, faudra attendre la fac. T'es trop jeune, Jmule.
Les désirs, après, c'était quelqu'un à la maison quand je rentre des cours (ou qui rentre un peu plus tard). Et ce quelqu'un dans ma tête c'était lui, ça ne pouvait pas être quelqu'un d'autre. Et la réalité, c'était ce n'est pas possible. C'était : on va dans le mur. Alors ça ne sera jamais lui, alors ça n'arrivera jamais, tout ça.
C'est pour ça que ce panneau était à la fois si beau et si triste.
Mais je ne pouvais pas écrire tout ça à ce moment là. Je ne pouvais pas écrire ça, mettre des mots dessus ça aurait été donner une réalité à des choses trop vaines, trop impossibles. Je ne pouvais pas y croire, je savais que ça ne pouvait pas exister, alors je ne pouvais pas le dire avec des mots. Je ne pouvais dire que la réalité, elle me faisait mal mais il fallait se faire lucide. Alors j'ai écrit les mots de la lucidité et de la douleur.
Maintenant seulement je peux écrire ce que j'avais vraiment dans la tête. Les désirs, la réalité, le fossé entre les deux.
Et voilà.

Mais je ne voulais pas me barrer un jour. Je voulais tout le contraire, je voulais rester, je voulais lui, nous, ensemble, ne serait-ce qu'un morceau de vie à partager, même si ce n'était pas éternel, si c'était juste un petit bout de jeunesse. Oui c'est vraiment ça, le vertige que ça donnait avec et la boule dans le ventre mais c'était ça, c'était partager ça.
Seulement, ça c'était ce que je voulais, et je le voulais fort vous savez. Très fort. Mais ce n'était pas possible. Ce n'est pas ça qui allait se passer. Alors j'ai écrit ce qui allait se passer, dans la réalité. Même si c'était triste.

En tout cas j'aurais au moins la réponse à cette question : je l'aimais. J'ai passé un an peut-être à me la poser : était-ce que je l'amais et que je refusais de me l'avouer, où que je voulais croire que je l'aimais mais que je me l'inventais seulement ? Je sais maintenant que je l'aimais. J'ai voulu partager ma vie avec lui. Je me rappelle encore de Sam me disant : Je n'ai jamais imaginé ma vie sans toi. Le doux vertige à ces mots, le coeur qui bat. Là c'est un peu la même chose même si on ne peut pas le formuler pareil. C'était faire partie de sa vie et lui de la mienne, c'était construire une complicité ; ce n'était pas la première fois que ça m'arrivait cette envie, mais c'est arrivé : je l'aimais.
Je crois encore que pour certains ce n'était pas ça, qu'ils n'étaient pas capable de comprendre. Pour certains c'était parce qu'il avait cet âge, ça faisait bien. Mais ce n'était pas ça. Parfois je me suis dit, j'aurais aimé qu'on ait le même âge. Et puis, c'est vrai : ce ne serait pas nous, dans ce cas. Mais l'âge je n'y pouvais rien. Je l'aimais, je ne crois pas qu'ils aient compris. Quelle importance après tout. Moi je le sais maintenant, c'est ça qui compte.

Pendant un an ma vie a eu un sens. Ce n'était pas seulement une question d'aimer, là, c'était au delà, il était aussi mon prof. C'était peut-être les deux à la fois ou plus encore, je ne sais pas. C'est encore un vertige, d'une certaine manière, c'est encore là qu'on se dit : tout ça, je me l'invente. Mais non, je ne me l'invente pas. Je n'invente pas qu'avec tout ça réunit, ma vie pendant un an a eu un sens, un sens comme elle n'en avait jamais eu. Jamais, réellement, jamais personne n'a réprésenté autant à la fois pour moi, peut-être aussi que c'était trop. Sam je l'aimais, je l'ai aimé énormément, je ne crois pas pouvoir dire que j'ai plus aimé Marien que Sam, ni l'inverse d'ailleurs, ce serait bête, ça ne se calcule pas comme ça. Seulement je veux dire, Marien c'était aussi autre chose que ça. Sam je l'aimais, oui. Marien je l'aimais, et autre chose. Il m'a dit un jour : Je tiens à toi à plusieurs niveaux. C'était peut-être quelque chose comme ça. Il a donné pendant un an un sens à ma vie, un sens qui aurait pu se passer de sentiments. C'était autre chose, c'était donner un sens à ma vie en dehors de la vie sentimentale, la seule qui jusque là avait un sens pour moi. Elle était toujours là biensûr, mais il y avait autre chose, quelque chose de nouveau...

Pendant un an environ ma vie à eu un sens. Parfois je me dis que ce sera difficile de lui retrouver un sens pareil. Que celui qui passera après, ça ne va pas être facile pour lui. Que jamais je ne trouverai quelqu'un qui puisse avoir une telle importance, que ça n'existe même pas, que même cette importance là c'est déjà trop. Mais je ne pense pas qu'il faille voir les choses sous cet angle. Il ne s'agit pas de surenchère... Juste, trouver quelque chose de différent.

C'est triste une vie vide de sens. J'ai très peur qu'elle reste où elle en est pendant toute l'année à venir. Peut-être ce "retour au calme" n'est-il pas sans faire de bien, pourtant. Le temps de rassembler mes esprits, de regarder où je vais, me demander ce que je veux.
Ce que je veux.
Pour l'instant, je n'en ai aucune idée.
Pour l'instant, je crois que je n'ai qu'une seule et unique certitude : je l'aimais.
Et finalement, de le savoir, ça, c'est déjà pas si mal.

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10 juillet 2006

Le petit âne gris

...

Ecoutez cette histoire
Que l'on m'a racontée
Du fond de ma mémoire,
Je vais vous la chanter
Elle se passe en provence,
Au pays des moutons
Dans le sud de la France
Au pays des santons

Dans le sud de la France au pays des santons...

Quand il vint au domaine,
Y'avait un beau troupeau
Les étables étaient pleines
De brebis et d'agneaux
Marchant toujours en tête
Aux premières lueurs
Pour tirer sa charette
Il mettait tout son coeur

Pour tirer sa charette il mettait tout son coeur

Au temps des transhumances
Il s'en allait heureux
Remontant la durance,
Honnête et courageux
Mais un jour, de Marseille
Des messieurs sont venus
La ferme était bien vieille
Alors on l'a vendue

La ferme était bien vieille alors on l'a vendue

Il resta au village,
Tout le monde l'aimait bien
Vaillant malgré son âge,
Et malgré son chagrin
Image d'évangile,
Vivant d'humilité
Il se rendait utile
Auprès du cantonier

Il se rendait utile aurpès du cantonier

Cette vie honorable
Un jour s'est terminée
Tout au fond d'une étable
Un soir il s'est couché
Pauvre bête de somme,
Il a fermé les yeux
Abandonné des hommes
Il est mort sans adieu

Abandonné des hommes il est mort sans adieu...

Lalala, lalala, la, lalala, lalala
Lalala, lalala, la, lalala, lalala
Cette histoire sans gloire
Vous racontait la vie
Vous racontait l'histoire
D'un petit âne gris

Vous racontait l'histoire d'un petit âne gris...

petit__ne_gris

Je sais pas très bien pourquoi je la publie, là, cette chanson...
Ma maman me la chantait quand j'était toute petite...
Elle me fait un drôle d'effet...
Triste... Je ne voulais pas accepter que le petit âne meurt à la fin... Non, il dormait, c'est tout...
C'est à l'époque où je découvrais ce que ça voulait dire, mourir.
Cette chanson, c'est une partie de moi sans doute, de ce qui a construit ce que je suis, je me souviens je pleurais, lui au moins il ne devait pas mourir, lui au moins il devait être immortel, mais non, l'immortalité ça n'existe pas. Alors je pleurais.
J'ai parfois le sentiment qu'en ce temps là je n'avais pas encore vécu. Je commençais à peine à vivre. Il n'y avait rien, rien avant. C'était le début. Oui, c'est ça.
Et maintenant je crois qu'elle me rassure cette chanson. Cette chanson, quand il n'y a plus rien, il reste au moins ça. Le petit âne gris. Cette chanson, c'est moi au début, c'est quand il n'y avait encore rien de plus que moi et que tout était simple.
Cette chanson c'est moi dans la simplicité de l'enfance qui commence.
C'est sur quoi se reposer quand tout le reste par dessus s'écroule...

10 juillet 2006

Rien.

Je craque. Ne me demandez pas pourquoi. J'en sais rien. Je craque. C'est tout.
C'est peut-être à cause de rien, justement. C'est peut-être ce rien qui est en trop. C'est peut-être ça. De voir que certains ont des choses pour lesquelles je crois que je donnerais beaucoup, alors que moi je n'ai rien. Je ne sais pas. C'est complètement con, de la jalousie, pure et simple. J'ai ce sentiment en horreur. Et je me retrouve jalouse de gens que je ne connais absolument pas. Pathétique. Voilà ce que je suis.

Et impossible de bouger, de faire quoi que ce soit pour ça change. Je me trouve là, simplement, les bras pendants, incapable de bouger, j'attends. Qu'est-ce que j'attends ? Je ne sais même pas. J'attends, c'est tout. Encore une fois.

Le plus dur, disait un voyageur, c'est de ne pas oublier. Je crois que je vais finir par oublier. Je n'arrive plus, je crois, à faire autrement. Je n'y arrive plus. Je vais oublier. Oublier sinon je n'y arriverai pas. Sinon je vais rester dans cet état jusqu'au bout. Juqu'au bout de quoi ? De tout. De rien. Je vais rester dans cet état, c'est tout. Je piétine, je crois. Je tourne en rond. J'ai parlé d'armes. Je ne sais plus si j'en ai vraiment ni quelles elles sont, ces mots je les trouve pathétiques, comme le reste. C'est ça, arme, encore une fois, ce n'est qu'un mot. Et écrire ? C'est peut-être ça mon arme. Mon arme, contre quoi ? Contre rien du tout, juste contre moi-même, contre l'oubli, contre le rien. Il faut que j'écrive, il faut que je le fasse pour moi, qu'importe ce qu'en pensent les autres. Il faut juste que j'écrive.

Mais écrire... quoi ? Je le sais très bien, quoi, je le sais, c'est tout ce qui me reste de tout ça, de l'écrire, de la vie, du passé, de la matière à écrire. Ce qu'il faut c'est trouver le courage de tout transformer en mots. Dans la tête, parfois, ça se transforme, tout seul. Mais sur le papier c'est plus dur. Dans la tête ça s'envole, pas sur le papier. Sur le papier ça a quelque chose de plus grave, de plus solennel, peut-être. Mais c'est peut-être ça l'idée qu'il faut chasser pour y arriver. Se dire que ce n'est rien. Mais alors, c'est toujours le même problème : si ça ce n'est rien, alors plus rien n'est rien. Et tout est vide. C'est ce qui se passe. C'est ce qui me met dans cet état, qui me baigne de rien. Et je craque.

Alors écrire ce n'est pas rien. Alors écrire c'est la douleur, c'est de m'arracher tout ce que je garde et que je ne veux plus lâcher, c'est de cracher sur le papier tous les mots qui déchirent la conscience, méticuleusement, les uns après les autres, c'est de hurler l'horreur de ce silence et de tout vider, tout, percer le sac pour que les flots de mot s'écoulent en torrents de lave brulante qui recouvre tout, tout, toutes les plaies de la terre.

Pourtant il faut écrire. Ecrire parce que c'est la seule arme contre le rien.
Et que la douleur c'est déjà autre chose que rien.

C'est ça, il faut que j'écrive... vivre on verra après.

9 juillet 2006

Flûte

Y'en a qu'ont compris comment il fallait s'y prendre.
Moi, je ne peux pas m'y prendre comme ça.
Pourtant j'existe, moi aussi, j'ai le droit d'exister.
Et j'existerai, même s'il faut exister seule.
J'ai mes armes à moi.

...et quelque chose à écrire.

9 juillet 2006

Et ça Hurle...

Me voilà inévitablement de retour devant cet écran après l'avoir délaissé plus de 24 heures (ouahou... record à battre ?...)
Evidemment, comment s'empêcher trop longtemps de se replonger jusqu'au cou dans cet univers virtuel à la con ?...
Pourtant aujourd'hui rien de tout ça.
Aujourd'hui, on a regoûté à l'un de ces plaisirs simples de la vie que je commençais presque à oublier : un bon bouquin sur un bon canapé, dans le salon, qui plus est en compagnie de ma grand-mère morte de rire à la lecture des pensées d'un skieur en pleine chute selon John Irving.
Il faut croire que j'avais besoin d'un petit retour au calme et à la tranquilité après une soirée plutôt... je ne sais pas, en fait, je ne sais pas quoi penser de cette soirée.

C'était à Benodet, hier soir. Concert. Les Hurlements de Léo. Sous la pluie (non, d'accord, j'exagère, on a à peine eu un peu de crachin juste avant.)
FDB d'abord, en première partie.
Moi qui étais si impatiente d'arriver ; moi qui, une fois partis se dégourdir les jambes sur la promenade en attendant le concert, me retrouvais aux prises avec une irrésistible envie de faire demi-tour dès que je percevais le moindre son pouvant s'apparenter à celui d'un instrument de musique...
Voilà pourtant qu'une fois le concert en route, je me retrouve assise sur la butte, devant la scène, à... contempler la mer d'un air pensif en ne gardant que vaguement un oeil (et une oreille...) sur ce qui se passe sur scène.
Arf. C'est bête, ça avait l'air vraiment sympa ce qu'ils faisaient, FDB.
Mais non. A part la longue plainte d'un saxo au tout début, impossible d'écouter vraiment. Je me sens absorbée par la mer, par le ciel, par la foule amassée tout autour de nous, l'odeur de pluie, celle du tabac qui commence déjà à envahir l'air, doucement. Comme si tout à coup, la musique en général n'avait plus aucun effet sur moi et me glissait dessus comme la pluie sur mon anorak (j'ai bien tenté de l'enlever, mon anorak, mais non, je me suis sentie juste un peu plus... humide...)
J'enrageais. La mauvaise humeur qui m'avait accompagnée toute la journée et que le départ pour benodet avait transformée en joie impatiente me regagnait peu à peu. J'ai horreur de me sentir insensible. Surtout à de la musique. Surtout quand les musiciens sont juste là, en face de moi. Plusieurs fois je tente d'écouter avec plus d'attention. Mais c'est peine perdue. J'arrive simplement à reconnaître peu avant la sortie du groupe une chanson qu'ils ont déjà jouée au début du concert. "Scientifiquement". Mais je suis ailleurs. Nulle part. A des Kilomètres de tout. Tout autour de moi me semble vain, effacé, presqu'inexistant. Seule la mer semble avoir encore un intérêt. Elle est belle, la mer. Belle, comme toujours. Et je suis là, dans la mer, mais pas dans la musique. Rien à faire. Je disparais peu à peu. Je n'existe plus. Je ne ressens plus rien. Et c'est ça, c'est ça, ce sentiment étrange et insuportable qui m'envahit peu à peu au milieu de cette foule : je ne suis rien. Rien, rien, rien. Rien pour personne, et même rien en moi-même, ce qui aurait pu me consoler. Je n'ai rien d'un peu extraordinaire en moi à quoi je pourrais me raccrocher, et personne pour qui exister. Je ne suis rien. Je ne suis rien. Je ne suis rien et je ne ressens plus rien. J'enrage. Et merde, il se remet à pleuvoir. Je vais remettre mon anorak.
Finalement, fin de la première partie. Il faut que je réagisse. Que je sorte de cette espèce de léthargie bouillonante (hm... oui, curieuse chose...), je ne sais pas, quitte à aller se jeter à l'eau, faire quelque chose, mais plutôt crever que de passer à côté de ce concert, là, de ce groupe, Les Hurlements de Léo, quand même, Les Hurlements de Léo, pense un peu à Lucas qui serait sûrement content d'être ta place, ou je sais pas, n'importe quoi, mais merde, réagis, c'est de la musique, bordel, et t'as pas le droit de laisser leur musique à eux te glisser dessus comme ça.
Justine alors propose de se lever. Bonne idée. Bon début pour une chasse au sentiment. Je veux ressentir quelque chose. Je veux.
On se lève, on s'approche. Le plus près possible de la scène. L'idée me traverse bien que ça risque sans doute de bouger un peu, par là, que c'est peut-être pas ma place, mais bon. Pas envie d'y penser. On verra bien.
Installation du matériel, sur la scène. Accordage de guitare. Y'a une takamine, waaaah... Entrée d'une contrebasse (re-waaaah...), d'un violon, d'un instrument à cordes traditionnel sur lequel un garçon à ma gauche met le nom de "oud". Ah, c'est ça un oud, alors. Et puis évidemment il y a la batterie, le trombone, l'accordéon... Tout ça. Sympa, sympa...
Je dévore les instruments des yeux. Petite pointe d'enthousiasme, déjà, rien qu'à les regarder. Je commence à me rassurer, je ne regarde même pas la foule qui se resserre autour de moi alors que le début du concert approche. Tant pis pour la foule. Je veux de la musique. Thomas qui se fout de la gueule d'un mec un peu bourré à ma gauche. Moua j'attends juste la musique.
Et puis ça finit par commencer (ouah...)
Alors, ce sont eux. Les Hurlements de Léo. Tout à coup on regrette presque de ne pas avoir appris par coeur la gueule et le prénom de chacun pour pouvoir renommer chaque visage, là, sur scène. Je repère assez vite les deux chanteurs, quand même. Celui à la voix rauque chantera très peu. Il restera souvent en retrait, jouant de la guitare face au batteur ; j'apprends à la fin que ce batteur remplace celui de d'habitude dont la femme vient d'accoucher, c'est peut-être pour ça. L'autre, par contre, se démène sur son petit fauteuil roulant (beuh alors...?) avec sa Takamine et ses beaux zyeux bleus (on s'arrêtera aux yeux). On se laisse porter par la musique. On se surprend même à se balancer un peu, moi qui bouge si difficilement, dès qu'on le remarque, on s'étonne, on s'arrête. Plusieurs fois ça recommence. Je reconnais plusieurs morceaux écoutés sur leur site. La musique est bien là, cette fois, ou plutôt, c'est moi qui suis là. Ça va mieux. Je ne pense plus à autre chose. Je me laisse presque aller (chose rare, finalement...). Je crois que je souris.
Une valse. Je n'ai pas de cavalier. Tant pis. Ç'aurait pu être l'occasion d'apprendre. Thomas et Justine dansent. Je les envie. Et puis évidemment le rythme tout à coup change et s'accélère. Les couples se séparent et sautillent devant la scène. Puis la valse reprend et chacun repart. C'est amusant. Moi cette fois je ne bouge pas, j'ai un vague sourire triste, un vague souvenir de valse, étoileuh des neigeuh, j'essaye surtout de pas lui marcher sur les pieds. Arf. J'aime les valses...
Le chanteur à la voix rauque chante tout de même sur mon spectacle débile. J'aprécie ce morceau sur scène. Tout qui vibre. Douce violence, chaleureuse hargne de la musique. Ou alors peut-être que c'est moi. Lumières.
Et puis ça commence à s'énerver un peu devant la scène. On reconnaît un groupe qui a l'habitude de... disons de réveiller son public, qui sait comment s'y prendre.
Et qu'on se bouscule un peu. Et qu'ils sont bourrés. Et que je manque de me retrouver par terre ; je me raccroche au pull de Gweno. Je ris. Je devrais peut-être commencer à me demander ce que je fous là, dans ce bordel ; me dire que ma place serait plutôt au calme plus près de la butte. Mais non. Je n'y pense pas. Je ne pense à rien d'ailleurs. Et que ça slam. Je crois reconnaître en l'air le copain de Marieke. Pas sûre, il fait noir. Et pas de Marieke en vue. Quoique ça ne m'aurait pas étonné, au final. C'est une ambiance qui lui ressemble. Et qui ne me ressemble pas, à moi. Je n'ai rien à faire là, mais je ne m'en soucie pas. Au contraire. Je prends un certain plaisir à me retrouver à une place qui n'est pas la mienne. Perdue au milieu de cette foule d'enragés hilares et complètement pleins (bon, j'exagère un peu, quelques uns étaient sobres, quand même ^^) Ça m'amuse. Je me sens en dehors de tout ce bazard, comme perchée en haut d'une tour, j'observe, simplement. Simple curiosité. J'observe de près, c'est tout.
Et puis le chanteur nous sépare en deux groupes. A gauche, l'UMP (ah bah c'est logique) et à droite les partis d'extrême gauche, dit-il. Et bientôt vous allez pouvoir vous rentrer dedans pour un bon pogo comme on les aime, ajoute-t-il...
Ben voyons ^^
Voilà où je me retrouve. En plein milieu, moi, qui n'aime pas beaucoup m'agiter. Pourtant je n'en pense rien sur le moment. Vague sentiment que je n'ai rien à faire là, rien de plus, et pas vraiment l'idée de bouger. Gweno pense tout de suite à s'écarter. Mais sur le moment, j'ai l'impression que le "choc" est inévitable. Que je n'ai qu'à prendre les choses comme elle viennent. J'y suis, et bah, j'y suis, c'est tout. Autant voir ce que ça donne jusqu'au bout. Heureusement tout de même que je n'y étais pas toute seule, je me dis maintenant que j'aurais p'têt pu me faire mal le cas contraire ^^ Sur le moment ça ne m'a pas vraiment traversé l'esprit. On ne se lâche pas dans la foule.
Instant de calme à la fin du morceau, Justine a égaré Thomas, on repart à sa recherche quand la musique repart et le pogo avec ; Thomas a perdu ses lunettes, on en retrouvera le cadavre à la fin du concert... ils ont tous l'air de trouver qu'il serait plus raisonnable de se sortir de là. Je ne sais pas si j'en aurais eu la présence d'esprit toute seule. Ils voient les Pogos d'un sale oeil, comme quelque chose de négatif. Je ne m'étais pas posé la question. Ils ont peut-être raison.
On est quand même mieux au calme. J'ai les pieds un peu douloureux à force d'avoir été piétinés, mais seulement les pieds. Et puis c'est quand même mieux pour profiter de la musique, d'être sortis de ce bazard ^^.
La musique se calme aussi. Thomas et Justine s'éloignent boire un verre. Je reste avec Gweno qui semble en avoir marre. Moi je suis fatiguée, mais je ne peux pas bouger tant qu'ils n'ont pas fini. Je bois la musique et les paroles du chanteur. On sort les briquets sur la malle en mai. Elle est belle, bien plus belle ici que derrière mon écran. Je crois que je me balance, doucement, imperceptiblement. Odeur étrange, à côté de moi, quelqu'un qui fume. Ce n'est pas du tabac. Ah bah ça doit être ça, l'odeur du pétard, alors. Quelques morceaux encore...

Et puis voilà. C'est terminé.
Vagues regrets de ne pas être restée sur la butte, finalement, j'aurais peut-être mieux profité de la musique en elle-même. Mais d'un autre côté, le sentiment que ça ne m'a pas fait de mal.
Je regarde tout autour. Les gens bourrés, une fille qui marche courbée en deux, grimaçante ; elle semble avoir mal au dos - le pogo, sûrement. Un mec qui joue avec un chien, des quantités de verres en plastique piétinés, par terre. L'endroit se vide, peu à peu. Je finis le coca de Justine, ça me fait du bien.

Je réalise d'un coup que je n'avais jamais vu tant de monde à un concert. Pas que ce soit extraordinaire ; juste que moua, les concerts, jusqu'ici, ça se limite presque à Sweet Madness ^^
Rien à voir, là, vraiment.
Ma soirée me laisse perplexe.
Grosse fatigue, envie de dormir, je ne sais pas quoi en penser.
Je me dis finalement que ça me rappelle les manifs contre le CPE. Je souris intérieurement. Peut-être est-ce à cause de la foule, des gens bourrés, un peu enragés...
Je me revois au milieu d'eux, je vois les musiciens qui se démènent sur scène et le public qui s'agite avec eux. Ils sont là tous ensemble, et moi je suis décidément à des lieux de tout ça. Comme d'habitude. Je suis toujours à des lieux de tout, sur ma planète.
Je sens la solitude encore une fois. Mais cette fois je ne sens que la mienne.
Je comprends où est la différence, alors, en dehors de la foule. Je comprends que sur scène il n'y avait pas cette solitude là. Juste la hargne, la révolte, comme dans les manifs. D'ailleurs c'est ce même public aux cheveux longs qui gueulait contre le CPE. Ces jeunes cons chevelus, mais con là dans ma bouche ce n'est même plus péjoratif, je crois que je les aime un peu ces cons là. Qui ne demandent rien d'autre que de s'éclater et d'oublier. De tout oublier. Ils en sont drôles et pathétiques. Je les aime un peu, à leur manière.

Mais c'est ça, la différence. Il me manque la terrible solitude de la musique, les yeux posés sur celui qui hurle toute cette solitude. Ce talent là. Le coeur qui bat pour autre chose que pour les vibrations du sol à chaque coup de grosse caisse, à chaque note de contrebasse. Les larmes sèches. La solitude. Parce que c'est ça, la musique, la vraie...
Pas celle de ma voix et de ma guitare ; pas celle des jeunes cons de ce soir. Ils ont leur solitude aussi, mais ils ne savent pas la dire. On la voit mais ils ne savent pas la dire.
C'est celui qui sait la dire qui a compris la musique. La vraie, pas celle qu'on donne à bouffer aux foules, pas celles qui sont là pour s'éclater, se révolter un peu comme on aime le faire à cet âge...

J'aime aussi cette musique, pourtant, la musique des jeunes cons. Chaleureuse, un peu hargneuse et révoltée, musique d'ours grognon mais tout doux à la fois. Sympathique. Je ne sais pas, il manque des mots je crois.
Comment mêler la guitare électrique à l'accordéon. J'ai presque cru que c'est que je cherchais. Finalement je ne crois pas, mais ce serait terrible de trouver ce qu'on cherche, on n'aurait plus rien à chercher.

Et je vois deux mondes.
Je vois les bons vieux "bourgeois", de ma famille, ou autre. Les gens cultivés, les bonnes manières, la politesse, le sérieux, les soirées tranquilles, guitare, on chante autour du feu. Un jour je les aime, je me sens bien, tranquille avec eux ; un jour ils m'ennuient, un jour ils me dégoûtent. A me donner envie de vomir. Hypocrisie ambiante qui me tue.
Alors je me tourne vers l'autre monde. Les jeunes cons, comme je dis. Plus authentiques, peut-être, moins faux. Et pourtant, ils ont leur fausseté à eux. Une certaine vulgarité qui me gène un peu parfois, eh, je viens d'où je viens, hein. Mais dans le fond quelle importance ?...
Pourtant ce monde là n'est pas le mien non plus.

Je nage au milieu de tout ça, d'un bord à l'autre.
Hier soir j'avais besoin d'un bain de cette foule-là, ça m'a fait du bien.
De quel monde suis-je alors ?
De celui de ceux qui ne sont ni de l'un ni de l'autre. Qui aiment et détestent les deux.

7 juillet 2006

Perdue...

Sait plus où on en est, tout d'un coup.
Plouf.
C'est con ce qu'un stupide 15 à l'écrit du bac de français peut vous faire voir les choses autrement, d'un coup. C'est con. C'est une bonne note, 15. Ah, vraiment, pas de doute, dans l'absolu, c'est bien, j'en suis contente. La seule chose : ça représente une régression par rapport à ce que j'ai fait pendant l'année. Et ça se précise : je ne suis pas allée au bout de mes objectifs.

Alors, tout d'un coup, on n'a plus envie de s'en fixer, des objectifs.
On tombe sur un blog, une phrase ou deux qui parle d'amour, d'être deux, d'une vie qui s'organise, se précise, tranquille et pas trop ambitieuse.
Et tout à coup, on a envie de faire pareil. D'envoyer un mail à la personne pour lui dire : tu as raison.
Envie de bavarder.
Tout à coup, les projets de groupe sur un coup de tête, bof.
Tout à coup, envie de crier à nouveau : je ne suis pas, je n'ai jamais été et je ne serai jamais musicienne.
Tout à coup, on hésite, on se rend compte qu'on ne sait vraiment pas ce qu'on veut.

Et c'est reparti.
On balance d'un côté, de l'autre.
Il faut que je quitte cette ville.
Je l'aime beaucoup trop, et c'est ça le problème.

Rencontrer quelqu'un. Avoir des amis. Reconstruire quelque chose.
Marre des contacts virtuels.
Hier, je pensais à cette envie d'apprendre à connaître quelqu'un. Ce petit quelque chose qui attire la curiosité, envie de comprendre, et comprendre c'est déjà aimer.
Aujourd'hui je ne sais plus si c'est encore ça.
Pourtant si...
Mais non. Je ne sais pas, je ne sais plus, je ne veux plus savoir.

Ce que je veux, je n'en sais rien.
Solitude, être entourée, égoïsme, altruisme, qui sait après tout.
Ce que je viens de défendre et d'expliquer pendant un certain temps ce soir à quelqu'un s'évapore.

J'ai le sentiment de sombrer doucement dans quelque chose d'opaque, je ne saurais pas dire quoi, est-ce un brouillard, mais on ne sombre pas dans un brouillard...

Je fonds, je me volatilise, je n'existe plus, tout d'un coup.

Ce bonheur d'être seul quand on est enfant, de se promener seul, se raconter des histoires, doucement, tout bas, penser, simplement penser.
J'ai oublié comment on fait.
J'ai oublié comment on n'a besoin de personne.
Et pourtant je n'ai besoin de personne que je connaisse.
Ou alors, si j'en avais besoin, ce serait terrible, parce qu'eux n'ont pas besoin de moi.
Donc je préfère ne pas en avoir besoin.
Je n'en ai pas besoin parce que je préfère.

Je voudrais retrouver ce bonheur.
Ce bonheur d'enfant qui rêvasse en se promenant dans la cour de l'école maternelle.
On la regarde de travers ? Et alors ?
On parle d'elle comme une petite sauvage ? Et alors ?

Maintenant elle ne sait plus à quoi elle ressemble ni qui elle est.
Elle change tous les jours.
A peine a-t-elle trouvé l'image dans le miroir que le reflet se brouille.
Stable. Instable. Les deux à la fois.
Une grosse fatigue.
Cette éternelle et stupide impression de ne jamais être comprise.
Et toujours, toujours, l'envie de quelqu'un pour accompagner ses pas...
Et encore. Elle n'en est pas toujours sûre.
Parfois elle dit "pas tout de suite".
De toute façon, il n'y a pas de "quelqu'un".
Il y a ceux qui ne sont pas fait pour ça même si elle aimerait, il y a ceux qu'elle n'attend pas.
Elle ne sait plus.
Elle ne sait plus.

Cette envie de connaître.
Parce qu'il reste un enfant solitaire.
Cette envie de connaître.
Parfois elle se brise, elle se fane, mais je crois que c'est la peur d'être déçue.
Je crois parfois que c'est toujours ça.
Que c'est ça l'important.
Mais l'important change toujours dans sa tête, elle a la tête qui tourne...
Qui tourne...
Qui tourne...
Comment savoir ce qu'on veut...
Comment savoir...


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